Britney : "I'm not a girl, not yet a woman…" Mais quand même a woman.
Retour sur l’album qui vit se transformer la jeune fille joueuse en tigresse mal assurée.
Non je plaisante. Il était là, dans ma pile de CD, trônant fièrement dans mon salon comme un vestige secret de mon adolescence. Sous un vieil album d’Anastacia, un autre de Tracy Chapman, la couverture souillée de mon nom gribouillé au stylo noir, souvenir d’un temps où chacun devait venir avec ses CD dans les "boums" pour pouvoir danser. Un CD de Britney Spears, à l’époque, c’était vraiment la classe. Le voici donc entre mes mains aujourd’hui, et dans une chaine hifi pour la première fois depuis 10 ans.
Britney, c’est un album mythique. Il consacra pour toujours ce prénom comme propriété exclusive de la jeune Britney Spears. En effet qui dit Britney, pense tout de suite à l’ex jeune starlette de la pop, et c’est comme ça de la Lozère au fin fond de la Sibérie. Souvenez-vous c’était en octobre 1998, une jeune fille de 17 ans se dandinait en jupette dans toutes nos télés en chantant « Hit me Baby one more time ! ». Un choc. Une explosion inattendue. Le single se vend à 500 000 exemplaires le premier jour, confortant ainsi Jive Records qui à l’époque « prit le risque » de signer la jeune Britney pour un premier album.
1999 : …Baby One More Time, 2000 : Oops!… I did It Again et 2001 : Britney. Un titre simple, assuré, loin des onomatopées et autres trois petits points très agaçants. L’album de la consécration, mais aussi un tournant majeur pour l’image de Britney Spears. Enchaîner les albums ne suffisait plus, il fallait montrer l’évolution (en trois ans il se passe beaucoup de choses, oui oui), le chemin que mena Britney pour passer du statut de petite fille vierge et gentille à longues chaussettes à celui de jeune femme chaude et sexuelle, soutien-gorge et string par-dessus le jean. Ça en fait du changement ! Et là se trouve tout le paradoxe de cet album, tiraillé entre l’image qu’a autrefois voulu donner la chanteuse et ce que la célébrité a forgé malgré elle: une bombe sexuelle, le fantasme de la vierge esseulée qui se dévergonde.
L’album démarre sur le très suffocant I’m a slave for you, que vous traduirez par «Je suis ton esclave». Tout un programme. Après tout c’est un peu le même message qu’I was born to make you happy, non ? Seul le ton change, et la manière de chanter. Un morceau très chaud donc, à la rythmique appuyée, ponctué de chuchotements et de soupirs…très appuyés eux-aussi. Dans ce morceau comme dans Boys, la jeune fille affirme sa sexualité et en joue. Mais dans Overprotected, Cinderella ou le très célèbre I’m not a girl, not yet a woman écrit par Dido (désolée), Britney tente de rattraper cette image d’adolescente qui tente de s’émanciper… Sauf que lorsqu'elle nous susurre « He said can I take you home, where we can be alone… » dans sa reprise d’I Love Rock’n’Roll, elle délivre un message risqué aux jeunes adolescentes qui demeurent ses premières fans et ne la suivent peut-être pas dans ses délires orgasmiques et ses fantasmes de pénétrer chez de sombres inconnus au détour d’un jukebox… Cet album est une fuite en avant, un désir maladroit de s’affirmer femme tout en tentant de conserver l’idée d’une transition, qui s’est déjà faite depuis longtemps chez la pop star. N’aurais-tu pas encore besoin d’être surprotégée Britney jolie ? Niet. Britney s’envole, joue dans un film, récolte les récompenses de "Pire Actrice" et "Pire Musique" au Razzie Awards (pour comprendre, je vous renvoie au chef d’œuvre du septième art qu’est Crossroads), entame une tournée mondiale et…prend six mois de repos. Après trois années au top, et trois albums enchaînés, sacrifiés aux dieux de l’efficacité et du marketing, Brit a bien le droit de se reposer. Elle est alors classée première dans la liste des célébrités les plus puissantes du monde par le magazine économique américain Forbes. Et sera au cours de sa retraite, de plus en plus présente dans nos magazines people, jusqu’à son retour, éclatant, en 2003, et la sortie de l’atypique Toxic. Nous nous arrêterons là, aujourd’hui la Femme Fatale en devenir tente de rattraper les années perdues ou volées, à coup de grosses lumières et de playbacks entêtants… Poor Britney.