dimanche 13 mars 2016

MUSIQUE : Scotch & Sofa à La Loge

N° 1/ Zoom sur la nouvelle chanson française : Scotch & Sofa 

Après un premier album en 2012, le duo montpelliérain Scotch & Sofa prépare la sortie de son deuxième opus Ailleurs, prévu pour le printemps 2016. Ils étaient de passage à La Loge à Paris pour un concert intimiste. 



Comment ne pas être envoûté par la voix feutrée, presque féline de Chloé Monin ? Sa musicalité et son timbre chaud, un peu semblable à celui de Maurane, nous séduisent dès les premières notes. Ajoutez à cela les paroles soignées de Céline Righi, la plume de l’ombre, et la virtuosité de Romain Preuss à la guitare et au beatbox, vous obtenez Scotch & Sofa.

Encore peu connus du grand public, ils ont pourtant déjà été adoubés par quelques grands noms de la scène française. Tout d’abord Ours et Oxmo Puccino, que l’on retrouve sur leur premier album, mais aussi Matthieu Chédid qui les a rejoint sur la scène du Cabaret Sauvage en novembre dernier, et Zaz dont ils ont fait la première partie à l’Olympia en janvier.

Ce lundi soir à La Loge, dans le 11e arrondissement de Paris, la petite salle est pleine. L’ambiance est intimiste, Romain (Scotch) fait tout avec sa voix et sa guitare, tandis que Chloé (Sofa), parfaire les arrangements au pad et au clavier.
Parmi les titres revisités du premier album, on retient une très belle version de Ça, initialement chanté en duo avec Ours, ainsi qu’une interprétation frissonnante de Je Glisse, malheureusement troublée par une petite quinte de toux… Les prises de paroles entre les chansons sont encore un peu maladroites et timides, mais ces quelques défauts sont estompés par le charme qui se dégage des mélodies, de la subtilité des arrangements et de la voix.

Parmi les nouvelles chansons, Inondés de Non-Dits est une ballade marquante, sobre et originale qui a enchanté le public. Plus légères et rythmées, Qui fait ça ? et Ça ne m’amuse pas sont taillées pour faire sourire et remuer la foule. Une foule qui chante d’ailleurs avec plaisir à l’invitation de Sofa, notamment pendant les rappels sur Visite des Recoins, et le sublime Sésame Pour Les Cieux, tout en délicatesse et en retenue… Jusqu’au bout, la salle a entonné quelques notes pour prolonger cet instant hors du temps, comme suspendu, où la magie de la musique rassemble et transporte.

Pour découvrir l’univers de Scotch & Sofa, vous pouvez écouter leur premier album Par Petits Bouts et/ou regarder leur tout nouveau clip Ça ne m’amuse pas.

mardi 1 mars 2016

SCENE : Blanche Gardin dans « Je parle toute seule »

Blanche, reine de l’humour noir ?

Après « Il faut que je vous parle », Blanche Gardin remonte sur les planches de La Nouvelle Seine à Paris pour « Je parle toute seule », un nouveau spectacle tout aussi tordant. Ame sensible s’abstenir.



C’est un spectacle de stand-up comme il s’en joue chaque soir dans la capitale. Sauf que celui-ci est interdit au moins de 17 ans et qu’il a été entièrement écrit par son interprète, Blanche Gardin. Ce nom ne vous dit peut-être rien, pourtant elle est selon moi l’une des humoristes les plus douées de sa génération. Après trois saisons passées au Jamel Comedy Club à la fin des années 2000, elle rejoint la bande des WorkinGirls de CANAL+, une série déjantée où elle partage l’écran avec Laurence Arné et Alice Belaïdi, entre autres. Elle participe ensuite à l’écriture du film Le Crocodile du Botswanga avec Fabrice Eboué et Thomas N’Gijol. En 2016, elle joue chaque week-end jusqu’au 26 juin son second spectacle de stand-up à La Nouvelle Seine, au cœur de Paris.

Blanche Gardin est une drôle de poétesse à l’humour trash et un tantinet cynique. « Le bonheur ça n’existe pas, on est entre adultes, on le sait ! », lance-t-elle dès les premières minutes. Le ton est donné : pendant 1h15, Blanche aborde avec un naturel charmant une palette de sujets qui nous bousculent : le suicide, la mort, le sexe, les attentats, la solitude… Avec en bonus quelques digressions scatologiques et d’autres sur l’inceste.
De quoi passer une bonne soirée, me direz-vous.
Et bien justement, cela faisait longtemps que je n’avais pas autant ri, et je n’étais pas la seule. Entre gloussements, sourires timides et esclaffements, le public s’étonne et s’agite devant ce drôle de bout de femme décomplexée.

A demi-bafouillante dans sa petite robe de fille sage, avec son regard doux et ses airs de poupée, Blanche Gardin débite poliment les pires insanités sur sa vie amoureuse, son enfance, ses tracas quotidiens… Renforcé par la mise en scène sobre de Maïa Sandoz, ce décalage est devenu la marque de fabrique de cet humour décapant et cathartique, qui lance aussi bien de vraies pistes de réflexion sur des sujets profonds et parfois tabous.


A 38 ans, Blanche se morfond joyeusement sur sa solitude et sa vie manquée, pourtant, malgré ses introspections sinistres, la demoiselle bourrée de talent n’a pas fini de nous faire rire et réfléchir, ce qui est, on en convient, une sacrée réussite !