mardi 1 mars 2016

SCENE : Blanche Gardin dans « Je parle toute seule »

Blanche, reine de l’humour noir ?

Après « Il faut que je vous parle », Blanche Gardin remonte sur les planches de La Nouvelle Seine à Paris pour « Je parle toute seule », un nouveau spectacle tout aussi tordant. Ame sensible s’abstenir.



C’est un spectacle de stand-up comme il s’en joue chaque soir dans la capitale. Sauf que celui-ci est interdit au moins de 17 ans et qu’il a été entièrement écrit par son interprète, Blanche Gardin. Ce nom ne vous dit peut-être rien, pourtant elle est selon moi l’une des humoristes les plus douées de sa génération. Après trois saisons passées au Jamel Comedy Club à la fin des années 2000, elle rejoint la bande des WorkinGirls de CANAL+, une série déjantée où elle partage l’écran avec Laurence Arné et Alice Belaïdi, entre autres. Elle participe ensuite à l’écriture du film Le Crocodile du Botswanga avec Fabrice Eboué et Thomas N’Gijol. En 2016, elle joue chaque week-end jusqu’au 26 juin son second spectacle de stand-up à La Nouvelle Seine, au cœur de Paris.

Blanche Gardin est une drôle de poétesse à l’humour trash et un tantinet cynique. « Le bonheur ça n’existe pas, on est entre adultes, on le sait ! », lance-t-elle dès les premières minutes. Le ton est donné : pendant 1h15, Blanche aborde avec un naturel charmant une palette de sujets qui nous bousculent : le suicide, la mort, le sexe, les attentats, la solitude… Avec en bonus quelques digressions scatologiques et d’autres sur l’inceste.
De quoi passer une bonne soirée, me direz-vous.
Et bien justement, cela faisait longtemps que je n’avais pas autant ri, et je n’étais pas la seule. Entre gloussements, sourires timides et esclaffements, le public s’étonne et s’agite devant ce drôle de bout de femme décomplexée.

A demi-bafouillante dans sa petite robe de fille sage, avec son regard doux et ses airs de poupée, Blanche Gardin débite poliment les pires insanités sur sa vie amoureuse, son enfance, ses tracas quotidiens… Renforcé par la mise en scène sobre de Maïa Sandoz, ce décalage est devenu la marque de fabrique de cet humour décapant et cathartique, qui lance aussi bien de vraies pistes de réflexion sur des sujets profonds et parfois tabous.


A 38 ans, Blanche se morfond joyeusement sur sa solitude et sa vie manquée, pourtant, malgré ses introspections sinistres, la demoiselle bourrée de talent n’a pas fini de nous faire rire et réfléchir, ce qui est, on en convient, une sacrée réussite !

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