dimanche 1 mai 2016

ART : Le Musée Gustave Moreau


Un faux air de cabinet de curiosités...

Chambre des merveilles ou bric à brac d’œuvres entassées là depuis un siècle ? Le musée Gustave Moreau à Paris est un lieu étrange qui ne m’a pas laissée indifférente.



Peintre symboliste du XIXe siècle, admirateur de Delacroix et professeur à l’école des Beaux Arts où il eut pour élève Georges Rouault, Gustave Moreau peint des motifs bibliques et mythologiques dans une débauche de couleurs et de formes évanescentes, presque fantomatiques. Une peinture mouvante, instable, et combien étonnante. Dommage que le musée qui lui est consacré et qu’il a lui-même pensée ne rende pas assez hommage à son génie.

C’est Gustave Moreau lui-même qui décide d’aménager sa maison-atelier de trois étages en un musée pour son œuvre. « Je pense à ma mort et au sort de mes pauvres petits travaux et de toutes ces compositions que je prends la peine de réunir. Séparées, elles périssent ; prises ensemble, elles donnent un peu l'idée de ce que j'étais comme artiste et du milieu dans lequel je me plaisais à rêver », écrit-il en 1862. Deux ans avant sa mort, en 1896, le voici donc qui classe, choisit et dispose ses œuvres aux deuxième et troisième étages, transformés en vastes ateliers. Quoi de mieux qu’un artiste pour sélectionner, accrocher et agencer ses propres œuvres ? A première vue, cela paraît être la formule idéale. Sauf qu’en un siècle, les techniques d’exposition ont pas mal évolué.

Le musée Gustave Moreau est si poussiéreux qu’il en perd de son charme. Arpenté par un public du troisième âge, chargé d’une odeur de vieux, il peine à mettre en lumière les œuvres pourtant remarquables de l’artiste qui l’a conçu. Des œuvres amassées sur les murs, un éclairage parfois inexistant, des redites, des tableaux cachés derrière un poêle,  une dizaine de panneaux de dessins sublimes mais déclassés que l’on feuillette sur des panneaux de bois, des feuilles plastifiées portant des numéros avec parfois seulement le titre d’une œuvre, une médiation plate et incomplète qui ne prend pas assez de recul sur la forme et se contente d’éclairer le fond… Le lieu est superbe et ne manque pas de charme, mais la scénographie et l’accrochage mériteraient d’être repensés pour mieux coller aux attentes des spectateurs du XXIe siècle et surtout améliorer leur confort de visite, tout en gardant l’esprit de la maison-atelier et son côté cabinet de curiosité.
Ne le prends pas mal Gustave, c’est pour mieux voir tes œuvres que je dis ça.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire