Un faux air de cabinet de curiosités...
Chambre des merveilles ou bric à brac d’œuvres entassées là depuis un siècle ? Le musée Gustave Moreau à Paris est un lieu étrange qui ne m’a pas laissée indifférente.
Peintre
symboliste du XIXe siècle, admirateur de Delacroix et professeur à l’école des
Beaux Arts où il eut pour élève Georges Rouault, Gustave Moreau peint des
motifs bibliques et mythologiques dans une débauche de couleurs et de formes
évanescentes, presque fantomatiques. Une peinture mouvante, instable, et
combien étonnante. Dommage que le musée qui lui est consacré et qu’il a
lui-même pensée ne rende pas assez hommage à son génie.
C’est
Gustave Moreau lui-même qui décide d’aménager sa maison-atelier de trois étages
en un musée pour son œuvre. « Je pense à ma mort et au sort de mes
pauvres petits travaux et de toutes ces compositions que je prends la peine de
réunir. Séparées, elles périssent ; prises ensemble, elles donnent un peu l'idée de ce que j'étais comme artiste
et du milieu dans lequel je me plaisais à rêver », écrit-il en
1862. Deux ans avant sa mort, en 1896, le voici donc qui classe, choisit et
dispose ses œuvres aux deuxième et troisième étages, transformés en vastes
ateliers. Quoi de mieux qu’un artiste pour sélectionner, accrocher et agencer
ses propres œuvres ? A première vue, cela paraît être la formule idéale. Sauf
qu’en un siècle, les techniques d’exposition ont pas mal évolué.
Le musée Gustave
Moreau est si poussiéreux qu’il en perd de son charme. Arpenté par un public du
troisième âge, chargé d’une odeur de vieux, il peine à mettre en lumière les
œuvres pourtant remarquables de l’artiste qui l’a conçu. Des œuvres amassées
sur les murs, un éclairage parfois inexistant, des redites, des tableaux cachés
derrière un poêle, une dizaine de
panneaux de dessins sublimes mais déclassés que l’on feuillette sur des
panneaux de bois, des feuilles plastifiées portant des numéros avec parfois seulement
le titre d’une œuvre, une médiation plate et incomplète qui ne prend pas assez
de recul sur la forme et se contente d’éclairer le fond… Le lieu est superbe et
ne manque pas de charme, mais la scénographie et l’accrochage mériteraient
d’être repensés pour mieux coller aux attentes des spectateurs du XXIe siècle
et surtout améliorer leur confort de visite, tout en gardant l’esprit de la
maison-atelier et son côté cabinet de curiosité.
Ne le prends pas
mal Gustave, c’est pour mieux voir tes œuvres que je dis ça.
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