jeudi 28 août 2014

ART: Dans les galeries de St-Paul de Vence #2

Il était une fois, le monde enchanté d'Isabelle Planté

Un deuxième coup de coeur à St-Paul de Vence cet été : des peintures merveilleuses où farfadets et lutins s'animent dans un décor de conte de fées.


"Une artiste fantastique et symbolique" peut-on lire sur son site officiel. Isabelle Planté, née en 1949 à Pau, est une artiste un peu à part, qui transposent dans ses huiles sur toile un univers féerique sorti tout droit de son imagination débordante. Représentée par la Galerie Le Capricorne à St Paul de Vence, spécialisée semble-t-il dans le figuratif,  l'artiste peint avec précision tantôt des personnages colorés, lutins de cirque où nains troubadours; tantôt d'étranges compositions, comme cette tour de livres où ce serpent de tourelles suspendu dans les airs.

On se promène au milieu de ses toiles comme au travers d'un livre de contes pour enfant. Un voyage qui nous fait du bien et ouvre notre imaginaire. Une invitation à la rêverie que je vous laisse prolonger via son site internet:

mardi 29 juillet 2014

ART: Dans les galeries de St-Paul de Vence #1

Les belles dames de l'artiste Michel Boulet

Elles sont tantôt à vélo, tantôt aux abords d'un café parisien. Mondaines, sportives, foraines ou aviatrices, venez rencontrer celles qui s'animent sous le pinceau de Michel Boulet à St-Paul de Vence. 


Lorsque vous irez vous balader à St-Paul de Vence (oui oui, vous irez), perdez-vous dans les tréfonds de la rue Grande, là où se sont agglutinées les galeries d'art. Au n°80, vous tomberez nez à nez avec de grands panneaux colorés, des frises joyeuses et de petits cadres enfantins... 
Vous êtes dans la galerie de M. Michel Boulet, provençal aux yeux rieurs qui peint avec son âme d'enfant et son talent d'artiste des tableaux qui respirent la bonne humeur. Aux commandes de la galerie, autrement dit de la partie business, son fils Terry. Ce dernier a su mettre au point une technique permettant de reproduire à l'infini avec une qualité irréprochable les toiles de son papa, ce qui permet au premier touriste venu de repartir avec son oeuvre d'art sous le bras. N'en déplaise à Walter Benjamin, cette reproductibilité de l'oeuvre d'art arrange bien des promeneurs du dimanche, sans entacher notre admiration. Que vous soyez novice un peu fauché ou grand millionnaire russe, Terry vous accueillera de la même façon, et nous avons même eu droit à un petit bonus... L'artiste en personne nous a conduit dans son atelier, là où règne une douce atmosphère voilée, mélange subtil entre la chaleur sourde d'une créativité en fusion et l'air paisible qui émane de la salle de repos, là où chaque jour, en bon provençal, Michel Boulet fait sa sieste, avant de réveiller ses dames.

Sur une immense toile, entre des pots de peintures, tubes et autres myriades de pinceaux: elles se dressent, encore endormies, pas tout à fait prêtes à montrer leurs rondeurs aux premiers venus. Michel nous raconte comment, parfois, elles tentent de lui échapper. Tout est une question d'équilibre entre ce qu'il veut peindre et ce qu'elles veulent faire. Un combat sain, même s'il arrive souvent que l'artiste efface, se reprenne, recolore... Tant de spontanéité se dégage de ces tableaux qui demandent pourtant un tel travail! Lorsqu'il était enfant, Michel se cachait la nuit pour dessiner, travailler, s'améliorer. Aujourd'hui artiste reconnu, il explore de nouvelles manières de peindre, un assemblage de plusieurs éléments: ici une roulette russe, à côté une plage, un vélo, un manège... Autant d'éléments évocateurs de l'enfance qui gravitent en harmonie autour de ces belles dames, fabuleuses dans leurs chairs généreuses, coquettes et soignées, à la fois espiègles et charmeuses. Merci M. Boulet pour ce petit moment en apesanteur au pays de vos formes et vos couleurs. 

Si vous voulez découvrir en images le monde chatoyant de cet artiste, voici son site officiel:

mardi 22 juillet 2014

ART: La Fondation Maeght

Des cigales et des œuvres

La Fondation Marguerite et Aimé Maeght à Saint-Paul de Vence met à l'honneur quelques artistes remarquables du XXe siècle, certains Chagall, Braque ou Bacon...

C'est au milieu de la pinède de St-Paul de Vence dans les Alpes-Maritimes que se cache la Fondation Maeght. On la découvre après moultes pérégrinations sur des chemins boisés, où les cigales ronronnent et s'amusent de nous voir errer en sandalettes à la recherche du sacro-saint jardin, alors qu'un parking se trouve en fait juste à côté.

Une fois à l'intérieur, c'est un domaine un peu particulier qui s'offre à la vue du visiteur: des sculptures monumentales de Cabanes, Mirò ou Calder, tantôt colorées, tantôt d'un noir glaçant. Ici et là gargouillent quelques fontaines, celle de Pol Bury avec ses cylindres magiques, ou encore celle perdue au coeur du labyrinthe imaginé par Mirò.
En face de l'entrée principale, une terrasse où passent quelques sculptures de Giacometti, insouciantes et rêveuses, rigides et soucieuses. Un petit coin paisible où les oeuvres d'art et la nature vivent en parfaite harmonie, sauf  quand les pins parasols décident de les mitrailler d'aiguilles. Le bassin en mosaïque de Georges Braque a souvent du mal à s'en remettre...

Dans la galerie, une simple salle contient les oeuvres d'intérieur de l'exposition permanente. Là encore les enfants courent au milieu des sculptures de Calder et de Giacometti... Ici les oeuvres ont perdu un peu de leur caractère sacré, puisqu'on semble vivre parmi elles. Quelques Chagall, un grand tableau de Derain "La Chasse" et un autre de Bonnard "L'été". L'exposition temporaire qui a pour thème "Face à l'oeuvre" s'étend quant à elle sur plusieurs pièces et couloirs. On y retrouve les artistes modernes les plus fameux comme Otto Dix, Chagall, Bacon, Calder ou encore Kandinsky. J'y ai fait pour ma part quelques découvertes enivrantes comme ce tableau de Bernard Moninot, "Silent listen", où l'on se plonge dans un bleu profond en deux dimensions, sur lequel se détachent des formes simples, un peu comme un mobile.
Indescriptible et envoûtant.
Plus loin d'autres artistes contemporains, mais aussi quelques dessins secrets, portraits de Marguerite Maeght, et cette note amusante crayonnée au stylo bille par Giacometti: "La tête est très mal dessinée, trop sombre, mais il ne faut pas recommencer le dessin."

Ne recommencez pas, non. Gardez vos imperfections d'hommes-artistes qui nous rassurent et nous touchent. Il est vrai que lorsque l'on pénètre dans la Fondation Maeght, nous ne rentrons pas vraiment dans un musée, pour reprendre les mots d'André Malraux lors de l'inauguration du lieu, il y a pile 50 ans.
"Ceci n'est pas un musée. Ici est tenté quelque chose qui n'a jamais été tenté: créer l'univers dans lequel l'art moderne pourrait trouver à la fois sa place et cet arrière-monde qui s'est appelé autrefois le surnaturel."
A lire avec la voix tonitruante et emphatique de Malraux, et à méditer, dans le silence des nuits du sud qui s'installe désormais sur la pinède Saint-Pauloise. Tiens, les cigales ne rient plus...

jeudi 10 juillet 2014

CINÉMA : Under The Skin

Quand Scarlett se déshabille, les hommes se noient...

C'est un ovni, c'est un chef d'oeuvre, c'est le meilleur film de sa carrière, c'est incroyable ce qu'elle est belle, bien filmée, blablabla... Certes.


C'était décidé, ce soir nous allions voir (en amoureux) le "dernier film de Scarlett". Les critiques étaient dithyrambiques mais je ne les avais pas vraiment lues, le petit Ulysse aux étoiles et sourire béat dans Télérama est si rare en ce moment, que je l'ai cru sur faciès. Et puis: "Tiens, que c'est drôle d'aller voir un film sans en connaitre l'histoire ni avoir vu la bande-annonce!" 
ERREUR !
Dis comme ça, un film de science-fiction avec Scarlett Johansson , ça peut très bien passer pour le petit cinoche de fin de soirée sympathique, le divertissement parfait après avoir englouti un bon steak à l'hippopotamus d'à côté, l'estomac bien tendu, les paupières un peu lourdes. Et puis Scarlett en extra-terrestre, cela doit valoir son pesant de cacahuètes...

Générique. 
"Ah oui je crois que le réalisateur est un fan de Kubrick..." Sans déconner? J'ai l'impression que je vais revivre "2001 l'Odyssée de l'Espace", sauf que cette fois, je ne me sens pas vraiment prête.
Et très vite, on comprend notre erreur: "Under the Skin" est un film lent, une contemplation de Scarlett en alien paumée, le regard empreint d'un vide interstellaire, le corps froid, les lèvres rouges. Il y a effectivement beaucoup de talent dans la manière de filmer de Jonathan Glazer, mais on se serait bien passés de la contemplation d'un morceau de gâteau sur une fourchette...entre autres. 
Entre coups de bluff et coups de génie, Under The Skin est, évidemment, un film d'auteur un peu à part, où la science-fiction n'est présente finalement qu'au tout début et à la toute fin. Le reste est une fiction de notre monde, un monde où les hommes défilent dans la rue, les femmes aussi, elles se maquillent, font du shopping, sortent en boite. Les hommes, eux, sortent de l'usine, rentrent, font leur course, et draguent en boite. Dans une Ecosse sinistre, il faut bien le dire, Scarlett l'alien observe cette fourmilière à la fois terne et inquiétante. Tout cela pourquoi? Pas grand chose et pourtant, la créature insensible va peu à peu s'observer, comprendre sa différence, le manque de chair de son corps, le manque d'un sexe, le manque de goût... Il est étrange qu'après avoir observé une humanité si misérable l'alien souhaite changer de peau. Quelques sursauts d'héroïsme pourtant, viennent raviver notre foi en l'homme. Une foi qui, bien vite, s'éteindra sous la neige... Le genre humain ne vaut certainement pas que l'on s'y attache, mais il demeure fascinant à contempler.

C'est un peu ce qui s'est passé dans la salle de cinéma: certains (beaucoup) s'en sont retournés sur leur planète assez vite. J'avoue qu'au bout d'une heure, l'idée m'a aussi traversé l'esprit. Pour aller voir "Under The Skin": il faut être PRÉPARÉ, n'oubliez jamais cela, sous peine de vivre une séance de torture très particulière. Particulière en effet puisque devant ce défilé d'images et de sons étranges, l'envie de partir est égale à celle de rester. On peut très vite se retrouver piégés, captivés. C'est ce qui m'est arrivé. Nous sommes restés jusqu'au bout, mais avons fui en vitesse. Trop de noirceur, de malaise, de lente agonie...

Bilan: quand je pense que nous avons hésité entre ça et "Duel d'Escrocs" avec Pierce Brosnan et Emma Thompson, je me dis que notre soirée aurait été totalement différente. Un film que je ne conseillerais pas pour une soirée "divertissement", mais que je suis finalement heureuse d'avoir vu, rien que pour l'expérience, cinématographiquement intense.