Quand Scarlett se déshabille, les hommes se noient...
C'est un ovni, c'est un chef d'oeuvre, c'est le meilleur film de sa carrière, c'est incroyable ce qu'elle est belle, bien filmée, blablabla... Certes.
C'était décidé, ce soir nous allions voir (en amoureux) le "dernier film de Scarlett". Les critiques étaient dithyrambiques mais je ne les avais pas vraiment lues, le petit Ulysse aux étoiles et sourire béat dans Télérama est si rare en ce moment, que je l'ai cru sur faciès. Et puis: "Tiens, que c'est drôle d'aller voir un film sans en connaitre l'histoire ni avoir vu la bande-annonce!"
ERREUR !
Dis comme ça, un film de science-fiction avec Scarlett Johansson , ça peut très bien passer pour le petit cinoche de fin de soirée sympathique, le divertissement parfait après avoir englouti un bon steak à l'hippopotamus d'à côté, l'estomac bien tendu, les paupières un peu lourdes. Et puis Scarlett en extra-terrestre, cela doit valoir son pesant de cacahuètes...
Générique.
"Ah oui je crois que le réalisateur est un fan de Kubrick..." Sans déconner? J'ai l'impression que je vais revivre "2001 l'Odyssée de l'Espace", sauf que cette fois, je ne me sens pas vraiment prête.
Et très vite, on comprend notre erreur: "Under the Skin" est un film lent, une contemplation de Scarlett en alien paumée, le regard empreint d'un vide interstellaire, le corps froid, les lèvres rouges. Il y a effectivement beaucoup de talent dans la manière de filmer de Jonathan Glazer, mais on se serait bien passés de la contemplation d'un morceau de gâteau sur une fourchette...entre autres.
Entre coups de bluff et coups de génie, Under The Skin est, évidemment, un film d'auteur un peu à part, où la science-fiction n'est présente finalement qu'au tout début et à la toute fin. Le reste est une fiction de notre monde, un monde où les hommes défilent dans la rue, les femmes aussi, elles se maquillent, font du shopping, sortent en boite. Les hommes, eux, sortent de l'usine, rentrent, font leur course, et draguent en boite. Dans une Ecosse sinistre, il faut bien le dire, Scarlett l'alien observe cette fourmilière à la fois terne et inquiétante. Tout cela pourquoi? Pas grand chose et pourtant, la créature insensible va peu à peu s'observer, comprendre sa différence, le manque de chair de son corps, le manque d'un sexe, le manque de goût... Il est étrange qu'après avoir observé une humanité si misérable l'alien souhaite changer de peau. Quelques sursauts d'héroïsme pourtant, viennent raviver notre foi en l'homme. Une foi qui, bien vite, s'éteindra sous la neige... Le genre humain ne vaut certainement pas que l'on s'y attache, mais il demeure fascinant à contempler.
C'est un peu ce qui s'est passé dans la salle de cinéma: certains (beaucoup) s'en sont retournés sur leur planète assez vite. J'avoue qu'au bout d'une heure, l'idée m'a aussi traversé l'esprit. Pour aller voir "Under The Skin": il faut être PRÉPARÉ, n'oubliez jamais cela, sous peine de vivre une séance de torture très particulière. Particulière en effet puisque devant ce défilé d'images et de sons étranges, l'envie de partir est égale à celle de rester. On peut très vite se retrouver piégés, captivés. C'est ce qui m'est arrivé. Nous sommes restés jusqu'au bout, mais avons fui en vitesse. Trop de noirceur, de malaise, de lente agonie...
Bilan: quand je pense que nous avons hésité entre ça et "Duel d'Escrocs" avec Pierce Brosnan et Emma Thompson, je me dis que notre soirée aurait été totalement différente. Un film que je ne conseillerais pas pour une soirée "divertissement", mais que je suis finalement heureuse d'avoir vu, rien que pour l'expérience, cinématographiquement intense.
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