mardi 23 février 2016

ART : Le Musée de l'Orangerie

Au bonheur des rêveurs

Depuis 1927, le Musée de l'Orangerie à Paris abrite les fameux panneaux monumentaux des Nymphéas de Claude Monet. Une "Sixtine de l'Impressionnisme", d'après l'artiste André Masson, qui sublime la collection déjà riche de ce petit musée national. 



Aux portes du jardin des Tuileries, dans le 1er arrondissement de Paris, deux musées se font face : le Jeu de Paume à gauche, le Musée de l’Orangerie à droite. La photographie d’un côté, la peinture de l’autre, même si les deux se répondent.

Ce matin de février au Musée de l’Orangerie, quelques touristes sont venus découvrir la collection Jean Walter et Paul Guillaume ainsi que la célèbre Salle des Nymphéas. Je vous conseille de terminer par là, pour vous imprégner d’un peu de quiétude avant de reprendre le métro… Mais la collection de Paul Guillaume ne manque pas non plus de chefs-d’œuvre !

Ce marchand d’art a rassemblé entre 1912 et 1934 l’essentiel des 145 toiles qui se trouvent à l’Orangerie. Elles donnent un excellent aperçu de l’effervescence artistique qui embrasait Paris au début du XXe siècle. On y trouve des tableaux de Renoir, Picasso, Derain, Modigliani, Cézanne, Matisse, Soutine, Utrillo, Marie Laurencin… Une débauche de couleurs et de lumières qui nous mène tour à tour auprès de jeunes filles apprenant le piano (La leçon de piano, Pierre-Auguste Renoir), sous un soleil provençal éclatant (Le Pin à l’Estaque, Paul Cézanne), dans l’intimité d’une pâle étreinte  (Pablo Picasso, L’Etreinte), sur la route avec des saltimbanques (Arlequin et Pierrot, André Derain), sur la butte de Montmartre (La Maison Bernot, Maurice Utrillo), au cœur de flots enragés (Navire dans la tempête, Henri Rousseau), dans les bras de femmes au teint diaphane (Portrait de Madame Paul Guillaume, Marie Laurencin), près d’étranges figures aux yeux vides (Femme au ruban de velours, Modigiani) ou dans des rues tourbillonnantes (Le Village, Chaïm Soutine). 

L’impressionnisme et le fauvisme sont largement représentés, mais l’on décèle aussi les  prémices du cubisme dans les œuvres de Cézanne et celles de l’abstraction dans la peinture de Monet. Ce dernier a choisi l’Orangerie pour exposer plusieurs de ses panneaux des Nymphéas et ainsi créer une véritable bulle de paix et de méditation au cœur de la capitale. Deux salles ovales accueillent ces peintures aux dimensions colossales. Notre regard s’y plonge avec égarement, on ressent le bruissement des feuilles du saule pleureur et de la végétation vert pâle. On perçoit les rides laissées par le vent sur  l’onde et la déclinaison du soleil en une multitude de reflets turquoise, violet, jaune ou rose. Des myriades de tons qui ne sont qu’amas de peinture lorsque l’on s’approche, mais qui forment à mesure que l’on s’éloigne l’impression exacte du bassin du peintre à Giverny.


Un lieu hors du temps où le bruit de la ville et son rythme effréné ont laissé place au silence d’une contemplation béate, intense, et délicieusement lente.

lundi 15 février 2016

MUSIQUE : Halestorm au Trianon

Lzzy, ses boys et un public en furie: vive le rock et Paris!

Trois mois jour pour jour après les attentats du 13 novembre, le groupe de hard rock américain Halestorm donnait un concert au Trianon pour présenter les chansons de leurs troisième opus: "Into The Wild Life". 


Tout a commencé en 1997. Arejay et Lzzy Hale, originaire de Pennsylvanie, décident de former le groupe Halestorm. Arejay est à la batterie, Lzzy au chant, à la guitare et aux claviers. Ils seront rejoints quelques années plus tard par Joe Hottinger à la guitare et Josh Smith à la basse. Trois albums studio et un Grammy Award plus tard, les voici de retour à Paris au Trianon pour défendre sur scène les titres de leur dernier opus, Into The Wild Life. Bienvenue au cœur d’une tempête de cris et de riffs bien affutés, bienvenue dans le monde d’Halestorm et de  ses « freaks » survoltés !

Après une première partie rondement menée par le groupe Wilson  et son chanteur hipster-hardos-au-poing-levé, la foule commence à frémir d’impatience. Ce soir-là, le Trianon est complet, et les freaks ont envie d’en découdre. Le show commence en douceur avec le titre Bad Girls World et Lzzy au clavier avant de s’envoler au son des électrifiants Love Bites et Apocalyptic. La foule est en délire, les premières pogos se forment tandis que les moins courageux s’écartent et se contentent de battre la mesure avec la tête, le bras en l’air. Lzzy est en forme, sa voix puissante est un brin plus éraillée qu’en 2012 au Nouveau Casino. La complicité est là, le talent aussi.

Comme d’habitude, la scène est laissée pendant quelques minutes à Arejay Hale, virtuose de la batterie et grand entertainer. Il saute entre deux  coups de caisse claire, donne de la voix et termine son solo avec deux immenses baguettes pour épater la foule. Pari gagné. Mis à part la chanson Dear Daughter où Lzzy est seule en scène, Halestorm ne s’accorde aucun répit. Les morceaux sont survoltés, l’énergie circule, ça saute, ça chante et ça brandit son index et son petit doigt !

L’émotion est également au rendez-vous lorsque Lzzy évoque les attentats du 13 novembre avant de reprendre I Love You All The Time des Eagles of Death Metal. Après moultes « Je t’aime Paris » et « Merci beaucoup »,  Lzzy, décidément  à l’aise, propose de zapper les rappels et d’enchainer les deux dernières chansons. Après la ballade Here’s to Us, c’est le moment du très énervé I Miss the Misery dans une version un peu spéciale. Une certaine Ronnie qui se trouvait, hurlante, à quelques mètres de la scène, a bien fait de montrer sa pancarte « I wanna sing I Miss the Misery with you », car Lzzy l’a prise au mot ! Un peu tremblante et submergée par l’émotion, Ronnie ne se laisse pas intimider et donne de la voix face à un public déchaîné.


Lorsque le concert s’achève et que la lumière se rallume, tout le monde sort de la salle un peu sonné par ce qu’il vient de vivre : une tempête de coups, de cris et de guitares électriques  au beau milieu des dorures de la salle du Trianon. « One of the most amazing shows! I will remember last night forever » écrira Lzzy sur sa page Facebook le lendemain. Comme quoi la folie du rock n’est pas prête de déserter Paris !